La chaire UNESCO répond à une problématique mondiale en travaillant la connexion entre numérique et apprentissages. Notre monde contemporain vit à l’ère du numérique dépassant les barrières géographiques, accentuant l’importance des espaces virtuels d’apprentissage et de formation qui impactent significativement les démarches cognitives, l’accès à la connaissance, la circulation des connaissances… La diversité et l’immédiateté de l’accès aux savoirs générés par le numérique marquent ce début de XXIème siècle.
La pénétration du numérique dans le domaine de la formation nécessite de revenir aux fondements même de l’action de former qui s’inscrit tout au long d’un parcours de vie. Il y a lieu notamment d’interroger quels sont les nouveaux modes de circulation des savoirs, comment se détermine aujourd’hui le rapport au savoir, les dispositifs de légitimation des connaissances et compétences, comment se redessine le statut des savoirs en lien avec les évolutions des processus d’apprentissages, les outils pédagogiques, les parcours formatifs dans leur aspects sociaux, affectifs, cognitifs, culturels au sein d’une pluralité de territoires apprenants à l’échelle mondiale.
Le phénomène numérique interpelle la place des savoirs formalisés articulés aux savoirs informels, expérientiels : comment préciser les contours de ces derniers à l’aulne du numérique ? Comment les identifier, les formaliser et les redéployer collectivement en passant par « la toile » ? Le numérique privilégie-t-il l’acquisition d’une somme de « micro-savoirs » ayant vocation à être mutualisés ? Dans ce cas comment s’opère le transfert cognitif au sein de ce nouvel espace d’apprenance[1] et comment le rendre visible et efficace ?
L’illusion pédagogique qui consiste à isoler le rapport aux connaissances des conditions et contextes sociaux dans lesquels ces dernières se construisent n’a plus cours. Il nous faut légitimer un grand nombre de canaux et de réseaux ouverts par le numérique comme autant d’intermédiations professorales disponibles à des millions d’apprenants. L’usage du numérique en formation interpelle ainsi de fait le repositionnement des institutions formatrices, des enseignants et formateurs, plus largement les ingénieries formatives et relève de dimensions multiples : économique, sociale, sociétale, culturelle…
Les mondes virtuels d’apprentissage, d’enseignement et d’inter-influence générés par le numérique ne sont pas exemptes de tensions (voir de contradictions) qui se cristallisent dans les enjeux organisationnels des institutions de formation et plus généralement au sein des systèmes de formation où l’on réduit encore trop souvent l’intégration du numérique en formation à l’usage et l’utilisation des outils technologiques. Le numérique augmente-il notre pouvoir de connaitre et/ou d’agir ? Les réseaux d’apprenants déterminent-ils un nouvel ordre du discours pédagogique ? Le numérique est-il une aliénation technologique ou une libération cognitive pour le sujet apprenant ?
La chaire est particulièrement désignée pour mettre en place des coopérations afin de d’apporter un éclairage de ces questions en analysant la complexité du rapport « numérique/apprentissages ».
[1] CARRE (2005)